Élections chambre
Voter pour donner du poids au syndicat
Le 7 novembre, la FDSEA 72 a réuni élus et adhérents autour de Yohann Barbe, président de la FNPL et porte-parole de la FNSEA, à Saint-Christophe-du-Jambet. Au menu : point sur les acquis syndicaux et mobilisation pour les élections Chambre.
Jeudi 7 novembre, la FDSEA 72, en collaboration avec JA Sarthe, a organisé son conseil fédéral sur 2 exploitations laitières sarthoises. L'objectif : rappeler les acquis syndicaux depuis les manifestations de janvier-février, détailler les enjeux en cours et à venir, mais aussi rappeler l'importance des élections Chambre d'agriculture en janvier prochain. Le matin dès 10 h, Jacky et Estelle Rousseau, producteurs de lait à Saint-Christophe-du-Jambet, ont accueilli élus et adhérents sous leur stabulation. Pour l'occasion, Yohann Barbe, président de l'Union des producteurs de lait des Vosges (UPLV), président de la FNPL et porte-parole de la FNSEA, avait fait le déplacement pour un focus sur la filière laitière. « Le sujet numéro un est de savoir comment redonner envie à nos producteurs de continuer et de donner envie aux jeunes de s'installer », a déclaré le producteur de lait vosgien.
Des acquis suite aux mobilisations
Les acquis syndicaux obtenus depuis ce printemps ne sont pas des moindres : obtention du tarif réduit sur le GNR, augmentation du seuil de plus-value et du seuil de micro BA, ou encore aide à la défiscalisation de 15 000 € de la valeur des stocks animaux, fiscale et sociale. A ces avancées s'ajoutent les dossiers en cours, comme celui de la simplification. « Trente mesures de simplification pouvant être prises par simple décret ont été proposées à la ministre de l'agriculture », et un décret en cours d'écriture vise à ramener les ICPE vers des seuils européens.
Pour donner du poids au réseau et mieux faire avancer ces dossiers, les élections Chambre jouent un rôle clé, comme l'a rappelé l'invité vosgien, soutenu par nos élus, Denis Pineau en tête. « Les élections sont un temps fort du syndicalisme, pour son financement d'abord ; l'enjeu de la mobilisation est de placer le réseau fédé-JA au national et peser davantage dans les discussions face aux instances », a déclaré l'éleveur de Requeil. « Voter est une façon pour les agriculteurs, depuis leur exploitation, d'aider ceux qui s'engagent pour défendre le métier », renchérit Yohann Barbe.
Donner de la visibilité au prix du lait
Jacky et Estelle Rousseau, producteurs de lait pour Savencia, en ont profité pour exposer leur projet de transition : Estelle se prépare à repartir à l'extérieur pour permettre l'installation de son fils Damien, en janvier 2026. L'exploitation, qui produit 600 000 l de lait par an avec 140 ha, est confrontée à un frein bien connu de la filière : le manque de visibilité sur le prix du lait, pourtant demandée à l'entrée d'un jeune. « Comment, dans l'étude économique, peut-on annoncer un prix du lait alors qu'on ne sait pas combien on sera payé au mois de mars ? » se désole Jacky Rousseau. L'occasion pour Yohann Barbe de rebondir sur ce sujet sensible qui ne cesse d'être discuté auprès des laiteries : l'idéal, pense-t-il, serait la mise en place d'un marché du lait à terme, à l'image des céréales.
Négocier le prix du lait reste d'ailleurs une préoccupation majeure, face à une grande distribution qui demande des efforts de prix insupportables par les coopératives, pour que les éleveurs ne soient pas la variable d'ajustement. « Il faut maintenir la pression sur l'ensemble des maillons, continuer le combat contre les produits d'importation, moins chers, qui nous attaquent de toute part, et ne pas oublier que l'opinion publique est de notre côté, à condition que nos actions soient entendues, reconnues et dans le respect des biens et des personnes », estime Yohann Barbe. Revenant sur le dossier Lactalis, il a aussi souligné l'importance des OP : « l'enjeu est d'aller vers des OP commerciales pour se réapproprier le contrat, ce qui leur permettrait de pouvoir négocier avec d'autres laiteries. »
Garder la valeur sur nos fermes
Garder la valeur reste le premier enjeu pour nos producteurs, à qui l'on demande toujours plus d'efforts vis-à-vis de l'environnement et du bien-être animal. Pour Yohann Barbe, il ne faut rien lâcher sur le sujet du carbone, et bien attendre le calcul d'indicateurs de décarbonation par l'interprofession avant de laisser définir une valeur par les acheteurs. « Certains ont compris que plus on décarbone et plus on améliore sa compétitivité ; attention à ce que les entreprises ne nous volent pas cette compétitivité, que nous avons acquise grâce à nos choix techniques. » A enfin été évoqué le chantier de la future Pac 2027, qui devrait s'ouvrir après les élections chambre : la nouvelle mouture donnera-t-elle enfin une vraie place aux prairies, comme l'attendent nos éleveurs ?
En attendant de le savoir, la FDSEA 72 continuera ses actions tout l'hiver pour encourager à voter et exposer la suite des dossiers en cours.