Une mobilisation historique
Du jamais vu en Sarthe depuis plus de 25 ans, ce sont plus de 800 agriculteurs et près de 500 tracteurs qui ont répondu à l'appel de la FDSEA et JA Sarthe pour manifester leur colère face à un gouvernement qui ne semble pas prendre la mesure de la situation de l'agriculture française.
Le 26 janvier dernier restera dans les annales des mobilisations agricoles sarthoises. Les agriculteurs se sont en effet massivement ralliés à l'opération escargot organisée par la FDSEA et JA Sarthe et ont ainsi affirmé le poids de l'agriculture dans le département. Les 5 axes autoroutiers du département ont été investis par de nombreux convois agricoles, à partir de 9 heures pour un point de convergence, en fin de matinée au péage du Mans Nord.
Une surprise ? Pas vraiment! La colère gronde dans la campagne sarthoise depuis plusieurs mois. Les nombreux avertissements relayés auprès de l'Etat et des élus n'auront pas suffit et, dans un contexte épuisant de surenchères normatives françaises et européennes, les agriculteurs sarthois ont fini par suivre la voie de leurs collègues français mais aussi allemands.
Des manifestants venus des 4 coins de la Sarthe
8 cortèges, au départ de différents péages du département, ont débarqué aux alentours de midi sur le Mans, bloquant toutes les autoroutes ainsi que la rocade. Ce défilé de tracteurs, aussi impressionnant qu'interminable, a surpris les manceaux qui, malgré la forte perturbation du trafic occasionnée, ont plutôt bien accueilli cette intrusion. En effet, de nombreuses marques de soutien ont été exprimées durant la journée. C'est bien après 15h que le convoi, long de plus de 4 kilomètres, a pris fin au rond-point de Bener, point de rassemblement final ou un casse-croûte attendait les manifestants en attendant les interventions des responsables professionnels de la FDSEA et des JA.
On marche encore sur la tête !
En novembre dernier, la FDSEA et les JA tiraient la sonnette d'alarme et se mobilisaient ensemble autour d'opérations symboliques telles que les retournements de panneaux des communes, pour montrer leur désarroi. Quelques semaines plus tard, le gouvernement ne réagit toujours pas. « L'Europe nous impose de plus en plus de normes à respecter, la France veut toujours s'afficher première de la classe et laver plus blanc que blanc et comme si ce n'était pas assez, tout ce petit monde ferme les yeux sur les importations de produits non conformes à nos propres standards ! La coupe est pleine ! Les doubles discours de notre gouvernement doivent cesser maintenant ! N'importons pas l'agriculture que nous ne souhaitons pas produire ! » dénonce Denis Pineau, le président de la FDSEA.
Si c'est bien l'empilement des réglementations qui a fini par entraîner la crise, le manque de courage du gouvernement à faire appliquer correctement une loi, la loi Egalim, qu'il a lui-même ambitionnée, attise d'autant plus la colère.
« Nous déplorons que nos politiques passent leur temps à vouloir détricoter une loi qui impose la prise en compte des coûts de production et applique des sanctions adéquates à l'encontre de l'aval. C'est tout de même normal de vouloir vivre de son métier ! De tels signaux négatifs n'incitent pas vraiment les jeunes à s'installer et à rejoindre l'aventure agricole », s'exclame de son côté Maxime Guimbreteau, le président de JA Sarthe.
Ce n'est que le commencement
Si cette action est en tous points réussie en termes de participation, elle est loin de signer le point final de la mobilisation générale. Les 2 syndicats ont été clairs : « Nous maintiendrons la pression tant que nous n'aurons pas obtenu satisfaction ! » Et ce ne sont pas les annonces du nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, le soir même de la manifestation qui ont permis de calmer le jeu. Elles sont estimées insuffisantes et de nombreux sujets n'ont pas été évoqués. Cette première opération s'est terminée aux alentours de 17h30. Chacun a pu ainsi reprendre le chemin du retour sur un fond d'impatience de connaître la suite des événements. Le combat continue !