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Qualité des sols
Un sol peut perdre entre 0,3 et 0,6 tonne de matières par ha et par an

François Laurent est professeur de géographie à Le Mans Université, responsable du laboratoire ESO (Espace et société), chercheur sur les pratiques agricoles et la gestion de l'eau à l'échelle des bassins versants. Il interviendra lors la journée Capital Sol organisée par la Chambre d'agriculture et Vivagri Sarthe sur le thème "Mon sol, notre eau" le 21 novembre 2023 au Bailleul

Vous voyagez entre la Sarthe et le Brésil où vous vous intéressez notamment à la question de l'érosion des sols, et des transferts vers les milieux aquatiques. Quels liens faites-vous entre les deux continents ?

En effet, j'ai commencé à travailler sur certains bassins versants du Grand Ouest, comme l'Oudon, la Moine ou le Rochereau sur la qualité et la pollution des eaux, avec des groupes d'agriculteurs. Et en même temps nous avons des échanges universitaires avec le Brésil, où je me rends environ 3 fois par an, car c'est un pays pionnier en matière d'agriculture de conservation des sols (ACS), qui est une pratique généralisée là bas. Les sols y sont plus soumis à l'érosion, principalement liée à la quantité et à l'intensité des pluies en Amérique du Sud. Il faut savoir qu'un sol en limons battants peut perdre entre 0,3 et 0,6 tonne de matières par ha et par an chez nous dans l'Ouest. Dans des pays tropicaux, cela peut monter jusqu'à 10 tonnes. Notre travail consiste à mieux comprendre les conditions de ces transferts, les facteurs déterminants selon les types de sols, les années, les climats. Ce qui est certain, c'est que l'ACS peut permettre de réduire ces transferts de 80%. C'est pourquoi les Brésiliens s'y sont intéressés depuis des décennies.

Pratique-t-on l'ACS de la même manière en France qu'au Brésil ?

Non, d'ailleurs les Brésiliens avec qui je travaille, comme Ivo Mello, le président de la fédération de semis direct sur paille, ont été très intéressés de venir rencontrer les pionniers de l'ACS en France, comme les membres des réseaux Base ou de l'Apad. Il est clair que l'ACS au Brésil bute sur certaines limites comme le manque de diversification des cultures avec l'omniprésence du soja, mais aussi des couverts disponibles, ainsi qu'un usage massif de la chimie dont 40% de molécules interdites en Europe. 

Comment jugez-vous le développement de l'ACS en France ?

Il est sans doute trop lent, mais c'est facile à dire car je ne suis pas agriculteur. Malgré tout, j'ai le sentiment qu'il y a moins de barrières qu'à une époque. Aujourd'hui, beaucoup d'agriculteurs que je rencontre considèrent les facteurs naturels non plus comme des contraintes mais comme des atouts. Ils se rendent compte que prendre soin de son capital sol peut leur rendre de vrais services écosystémiques : mieux produire, économiser des intrants, du carburant, une meilleure infiltration et disponibilité en eau, etc. L'important, c'est de s'ouvrir aux différents mouvements, de décloisonner, dialoguer, avec modestie, car cela permet de faire percoler des bonnes idées d'un système à l'autre. 

Y a-t-il un lien entre la "bonne santé" des sols et la présence de l'élevage ?

La base de la qualité d'un sol, c'est la matière organique. C'est ce qui va alimenter toutes les chaînes biotiques qui structurent le sol, micro et macro-organismes. C'est clairement le cas dans les systèmes de polyculture-élevage comme on peut en avoir en Sarthe, où l'équilibre se fait grâce aux effluents d'élevage. C'est pour cela, notamment, qu'il est important que l'élevage existe. Car à l'inverse, on constate dans d'autres régions avec des sols à haut potentiel agronomique un appauvrissement en matière organique depuis des décennies. Les conséquences derrière sont une plus grande propension à l'érosion, des sols qui conservent moins bien l'eau et qui peuvent se compacter. 

PROPOS RECUEILLIS PAR ARNAUD FRUCHET

 

Informations et inscriptions pour la journée capital sol du 21/11/23

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