Manifestations
A Sablé, les agriculteurs réclament "une vision à long terme"
Mardi, les agriculteurs du secteur de Sablé ont été les premiers en Sarthe à manifester leur ras-le-bol, en organisant une opération escargot autour et dans le centre de la ville. C'est un sentiment général de ras-le-bol qui les anime.
Mardi, les agriculteurs du secteur de Sablé ont été les premiers en Sarthe à manifester leur ras-le-bol, en organisant une opération escargot autour et dans le centre de la ville. C'est un sentiment général de ras-le-bol qui les anime.
Une quarantaine d'agriculteurs et une vingtaine de tracteurs ont défilé en opération escargot une bonne partie de la journée de mardi à Sablé, à l'appel de leurs responsables locaux FDSEA et JA, provocant un bel embouteillage sur la rocade et dans le centre ville de la cité sabolienne, le convoi s'étant séparé en deux. L'équipe du centre ville a d'ailleurs eu l'occasion de se rendre compte de la popularité du mouvement, malgré la gène occasionnée. "On a vu des gens sortir aux fenêtres, pour nous témoigner un signe de sympathie, décrit le responsable JA Cyril Lemaître, des commerçants, des banquiers sortir de leurs bureaux pour nous saluer". Une opération qualifiée par le jeune agriculteur d'Auvers-le-Hamon de "belle petite action" avant celle, plus importante qui doit se dérouler ce vendredi sur l'ensemble du département.
Ce qui a fait sortir les agriculteurs saboliens dans les rues ? Le sentiment de ne pas avoir été entendus à l'automne dernier, lorsqu'ils ont retourné les panneaux d'entrée de villes et de villages. "C'était une action de communication gentille, bien perçue par tout le monde, pour expliquer que dans ce pays, on marche sur la tête" rappelle Patrice Riauté, le président du syndicat local de Parcé-sur-Sarthe. "Mais on a le sentiment de ne pas avoir été entendus" poursuit-il.
Sentiment de ras-le-bol
Le sentiment général qui prédomine dans les rangs, c'est le ras-le-bol. "On sent un désarroi. Les gens sont perdus, surtout les jeunes d'ailleurs" exprime Patrice Riauté. "On a le sentiment que les politiques qui nous dirigent répondent à des logiques de court terme, d'immédiateté, alors que nous en agriculture, on travaille sur du temps long. On a besoin d'une vision à long terme et on n'en a pas du tout. Une loi succède à une autre loi, et ça ne s'arrête jamais. On nous demande tout et son contraire et on ne sent pas de cohérence dans tout ça. Le résultat est qu'on ne se projette pas et que les jeunes ne se projettent pas sur une carrière de 40 ans en agriculture pour vivre ça". La description est implacable. L'aspect réglementaire pèse lourd dans les esprits, avec le sentiment toujours plus profondément ancré d'un matraquage bureaucratique permanent. Les excès de pluviométrie de l'automne qui ont entraîné des retards voire des impossibilités de semis, en sont un exemple éclatant, comme le relate Cyril Lemaître : "On a déjà eu un automne difficile sur nos exploitations, mais l'administration en rajoute une couche en nous demandant d'envoyer des petits formulaires pour expliquer que nos sols sont gorgés d'eau et qu'on n'a pas pu semer nos couverts... C'est bon, on sait travailler ! C'est dans ces moments là qu'on a le sentiment de ne plus être maître chez soi".
Appliquer Egalim
Il y a malgré tout une loi que les agriculteurs aimeraient bien voir mieux appliquée : la loi Egalim. Car à en croire les indiscrétions qui sortent des boxes de négociation, celle-ci semble copieusement piétinée par les distributeurs, alors même que les prix agricoles sont censés être sanctuarisés et protégés. "Ce n'est pas la peine de faire une telle loi si l'Etat n'est pas capable de la contrôler et de faire appliquer des sanctions" s'agace Patrice Riauté. "Toutes nos charges ont augmenté, ou quasi, sauf les engrais qui ont baissé. Et le si peu de baisse qu'on a, on en profiterait pour nous faire baisser nos prix. On a besoin de souffler un peu !" renchérit Cyril Lemaître, qui prévient que le soufflet n'est pas prêt de retomber si les prix dégringolent. "Les jeunes sont prêts à bouger. A Sablé on a trois gros industriels : Charal, LDC et Bel, donc on sait où aller". En attendant, les équipes de Sablé s'apprêtent à s'associer à l'action départementale, sur les autoroutes de la Sarthe, ce vendredi 26 janvier.