Sanitaire
Premiers cas de FCO-3 en Sarthe
La FCO-3 progresse brusquement vers l'Ouest avec deux cas positifs recensés dans le nord Sarthe. Le département passe en zone régulée et serait concerné par la prise en charge de la vaccination, mais son recours suscite la méfiance des éleveurs.
La FCO-3 progresse brusquement vers l'Ouest avec deux cas positifs recensés dans le nord Sarthe. Le département passe en zone régulée et serait concerné par la prise en charge de la vaccination, mais son recours suscite la méfiance des éleveurs.
Si le nombre de nouveaux foyers avait triplé la semaine dernière, le virus était jusqu'ici circonscrit au Nord-Est de la France, mais la FCO-3 vient de faire un brusque saut à l'Ouest. Après un foyer déclaré dans le Perche ornais il y a quelques jours, deux nouveaux cas positifs sont confirmés dans le Nord de la Sarthe, sur bovin à Saint-Aignan et sur ovin à Rouperroux-le-Coquet, sans compter plusieurs suspicions en cours de test PCR. La Sarthe se retrouve ainsi dans sa totalité en zone régulée et en zone de vaccination volontaire, les cas sarthois et la carte actualisée seront officialisés ce vendredi par les instances sanitaires.
Le ministre (démissionnaire) Marc Fesneau, en déplacement en Saône-et-Loire le 30 août, a expliqué ce saut brutal par « des raisons de transports ». Pour le GDS 72, la situation résulte d'une importante activité des vecteurs combinée à la forte présence du virus. « Même si une zone de vaccination a été mise en place, soit elle n'a pas été faite soit elle vient juste d'être faite, et pour l'un des deux vaccins il faut 2 injections à 3 semaines d'intervalle pour être efficace, cela ne suffit donc pas à contenir la propagation », estime Muriel Guiard, vétérinaire au GDS 72.
La disponibilité du vaccin en question
Le ministre a aussi annoncé l'élargissement de la zone « concernée par la mise à disposition gratuite du vaccin », ainsi les départements de la région Pays la Loire sont nouvellement concernés -tout comme ceux d'Auvergne-Rhône-Alpes, de l'Ille-et-Vilaine et du nord de la Nouvelle-Aquitaine (Deux-Sèvres, Vienne, Haute-Vienne, Creuse et Corrèze). Mais le GDS 72 reste très prudent quant à la prise en charge des doses par l'Etat : « nous n'avons à ce jour (3 septembre) pas reçu d'instruction technique justifiant une prise en charge à 100 %, informe Muriel Guiard. Pour que les doses soient prises en charge, elles doivent être commandées via la plateforme étatique Calypsovet. » D'ailleurs, il faudrait déjà que les vétérinaires puissent se fournir en vaccin, ce qui parait très incertain à cette heure : des commandes ont été passées mais sans délai annoncé de réception, et « les commandes sur Calypso sont impossibles à ce jour pour les vétérinaires sarthois. »
Une balance coût-bénéfice
Reste la question délicate de l'effet du vaccin sur les animaux. « Les vaccins ont été mis en place dans l'urgence sous autorisation temporaire d'utilisation (ATU) et n'ont pas encore d'AMM. Il y a donc encore peu de recul sur des effets secondaires potentiels. Le risque est de cumuler les effets de la maladie aux effets vaccinaux. C'est ce qui s'est passé en 2008, donc on peut comprendre la réticence des éleveurs. » En clair, le vaccin peut engendrer une « petite montée de température pouvant nuire à la spermatogenèse. » La vaccination est donc une balance coût-bénéfice. Le GDS 72 préconise le vaccin « s'il était disponible tout de suite », en priorisant les ovins pour lesquels les signes cliniques et la mortalité sont plus marqués, en sachant que « si les signes cliniques sont là, et donc que la maladie est en train de passer sur l'élevage -les animaux vont s'immuniser-, le risque d'avoir des effets secondaires est accru. »
Le national Bleu du Maine annulé
Autre conséquence de l'évolution de la maladie, les bovins et ovins ne peuvent plus, depuis vendredi 30 août, se rendre d'une zone indemne à une zone régulée, puis revenir en zone indemne, même en respectant le protocole en vigueur (désinsectisation et test PCR négatif), au titre de la FCO-3. Evolution réglementaire qui a d'ailleurs entraîné la décision d'annuler le concours national Bleu du Maine prévu lors de la Foire des 4 jours du Mans du 12 au 16 septembre, par le syndicat sarthois de la race et l'OS et en concertation avec les éleveurs.
Un risque limité en bovins
Côté bovins, quelques élevages issus de départements indemnes (ex: Vendée) seront d'ores et déjà écartés du concours départemental des 4 Jours, mais cela devrait concerner une minorité d'animaux. Pour le GDS 72, le risque de propagation aux 4 Jours reste limité si les bovins respectent le protocole, sachant que tous les animaux seront désinsectisés à leur arrivée le jeudi soir, après le lavage, et avant leur départ du Mans le dimanche soir. Un pulvérisateur sera aussi à disposition pour désinsectiser les camions et bétaillères. Mais, rappelle Muriel Guiard, « le risque zéro n'existe pas. Tous nos protocoles ont des limites, même concernant la BVD et l'IBR. Si l'on veut prendre zéro risque, on ne sort pas. » La présence des animaux sur les 4 Jours dépendra aussi, bien entendu, des résultats de PCR pour les cas suspects, sachant qu'un cas positif dans un cheptel exclut la participation de tous les animaux de cet élevage.