Agriculture de conservation
Nutripac : des essais pour booster le démarrage en ACS
Le 16 mai, la Chambre d'agriculture a livré les premiers résultats d'une plateforme d'essai située sur une parcelle de Rodolphe Renault, à Marçon. Le réseau Nutripac teste la nutrition des cultures en système ACS.
Le 16 mai, la Chambre d'agriculture a livré les premiers résultats d'une plateforme d'essai située sur une parcelle de Rodolphe Renault, à Marçon. Le réseau Nutripac teste la nutrition des cultures en système ACS.
Rodolphe Renault s'est installé en 2017 en élevage caprin, avec 110 chèvres et 140 ha de SAU à Marçon. Depuis 2021, il conduit une transition vers les pratiques de l'agriculture de conservation des sols, pour gagner en temps et en charges de mécanisation. Il est rapidement passé au semis direct, s'est formé à l'ACS et a intégré le groupe " en route vers l'ACS ", animé par Alexandre Hatet, spécialiste du sujet à la Chambre d'agriculture. Pour la deuxième année consécutive, il met aussi à disposition une de ses parcelles au projet Nutripac (nutrition des plantes en agriculture de conservation), conduit par le réseau des Chambres d'agriculture pour tester la nutrition des cultures en système ACS. Après deux ans et demi d'essai, les premiers résultats ont été présentés à une vingtaine d'intéressés, membres de groupes ou agriculteurs curieux.
Un système simple et économe
Chez Rodolphe Renault, les sols ne sont pas très simples à piloter : pour l'essentiel, des limons sableux caillouteux à faible réserve utile, le reste à plus de 45% d'argile. Dans sa rotation de type colza, blé, orge, il a introduit 2 cultures de printemps, qui peuvent être tantôt du chanvre, tantôt des légumineuses selon l'opportunité des contrats, dans des terres où le maïs se conduit mal sans irrigation. En intercultures, il pratique des couverts variés : luzerne, sorgho, mélanges, qui grâce à la matière organique qu'ils restituent au sol, pallient le manque d'effluents de l'exploitation (80 t/an de fumier). " L'objectif est d'avoir un système simple, efficace, qui ne soit pas une course au plus mais plutôt économe en temps et en charges ", résume Alexandre Hatet.
Un réseau de 32 parcelles
A l'automne, Rodolphe sème en direct ses cultures après un passage de glyphosate ; il réalise un déchaumage et un apport de fumier avant ses semis de printemps. " Je vois les sols qui se structurent de plus en plus. Depuis mon passage en semis direct j'ai économisé 3000 l de carburant sur 2 ans ", témoigne l'éleveur qui ne regrette rien.
Si les visiteurs étaient curieux de découvrir le système de Rodolphe Renault, ils ont pu aussi s'informer des résultats de l'essai Nutripac de la Chambre d'agriculture. Ce réseau de 32 parcelles de blé en région Pays de la Loire, réparties en trois plateformes, vise à comprendre la dynamique de croissance du blé d'hiver en ACS, alors que la minéralisation est freinée par le non travail du sol, et apporter des solutions pour un meilleur démarrage, qui reste plus lent qu'en conventionnel. " Le but est de produire des références sur le sujet et de fournir une grille de décision aux agriculteurs ", indique Alexandre Hatet.
Test d'un engrais starter
A Marçon, Nutripac teste pour la 2e campagne l'effet sur l'état de nutrition des plantes du type de travail du sol (SD ou techniques culturales simplifiées), et du recours à un engrais starter (13N, 26P, 28S). Les dispositifs 2023 et 2024 sont très proches, même si la culture (un mélange de variétés de blé) a été implantée sur 2 parcelles différentes, dont celle de cette année est plus homogène.
Au cours de l'essai 2023 réalisé sur précédent colza (rendement : 45 q/ha), une batterie de mesures ont été réalisées, tout comme cette année : analyses de terre, reliquats azotés, évaluation de la vigueur et production de biomasse, teneur en azote des plantes et, à la récolte, analyses du PS, PMG et teneur en protéines du grain. Après cette première campagne, l'essai ne permet pas de conclure à l'impact significatif du type de travail du sol et de l'apport d'un engrais starter sur le démarrage de la culture. "Le seul résultat probant est le décrochage du témoin sans aucune fertilisation, sur la croissance comme sur le rendement", décrit Laetitia Temen, agronome qui a réalisé les mesures.
En attendant les résultats 2024...
Sur la parcelle implantée en 2024, derrière tournesol cette fois (rendement : 18 q/ha), le blé est vigoureux malgré l'excès d'eau qui a pénalisé certaines zones. La vie biologique du sol est également très visible, témoignant d'une bonne structure comme l'a confirmé Denis Piron, pédologue de la Chambre d'agriculture, qui a ouvert 2 fosses le jour J pour en commenter les profils (voir encadré). " Le blé conduit avec un engrais localisé au semis semble plus développé que sans le starter ", observe Alexandre Hatet, comparant de visu la hauteur des plants. Faudra-il que cette impression soit confirmée par les mesures. Pour améliorer la fiabilité des résultats, l'équipe compte cette année récolter selon 4 répétitions grâce à une moissonneuse expérimentale de 1,50 m de large. Rodolphe Renault, de son côté, compte bien poursuivre dans la voie de l'ACS, grâce notamment à l'acquisition d'un nouveau semoir de semis direct à dents.