L'heure est à l'entretien du matériel
Le mois de janvier est idéal pour démonter, nettoyer, vérifier les machines agricoles avant leur repos hivernal. En ETA ou Cuma, les salariés sont mobilisés pour faire cet entretien qui préviendra les pépins en haute saison.
La morte-saison marque la fin des travaux des champs mais est une période cruciale pour l'entretien du matériel agricole avant remisage. Dans les Cuma et les ETA sarthoises, comme ailleurs, les salariés en profitent pour prendre quelques jours de vacances mais consacrent, avant ou après, une grande partie de leur temps à cette tâche qui permet de prévenir les pannes pendant les pics d'activité. Le grand nettoyage démarre généralement dès le mois de novembre mais, cette année, la tâche a pris un peu de retard suite au battage tardif du maïs grain.
Bien faire vieillir le matériel
Dans l'atelier de la SAS Martin, à Noyen-sur-Sarthe, une tonne à lisier est passée au crible tandis qu'une batteuse attend d'être nettoyée sur la dalle de lavage extérieur. Ce 10 janvier, une grande partie des salariés d'Alexandre Martin assurent les travaux d'élagage et de débroussaillage, tandis qu'une équipe de mécaniciens et de chauffeurs se consacre à l'entretien du matériel. L'enjeu est fort surtout sur le matériel de récolte, ensileuses et batteuses étant très sollicitées sur une période courte. D'autant plus pour la SAS Martin qui optimise son matériel sur ses deux sites de Noyen-sur-Sarthe et Saint-Calais, qui sont décalés en saison. " Bien démonter toute la machine pour l'hiverner est un point clé pour bien faire vieillir le matériel, on cherche à tout optimiser pour l'emmener le plus loin possible, explique Alexandre Martin. L'enjeu de la maintenance est d'anticiper les problèmes mais aussi d'éviter d'emmener les machines chez le concessionnaire : tout faire en interne limite les frais pour notre entreprise. "
Bien ouvrir les machines
Sur la moissonneuse-batteuse, il s'agira de bien la souffler une fois partiellement démontée, avant de la passer au karcher, pour éliminer tous les résidus de récolte qui peuvent pourrir. Sur ce point, Pierre Pichet, animateur à l'UD Cuma section Sarthe, préconise de laisser la machine ouverte pour éviter que des souris n'entrent faire des nids. Il déconseille par ailleurs de forcer le passage du karcher sur les roulements des outils, au risque d'en chasser la graisse et de les faire rouiller. " Les roulements à bille d'un déchaumeur à disques, par exemple, peuvent ainsi casser en sortie d'hiver. Eviter aussi de passer le karcher dans les roulements des poulies : avec la rouille et la paille qui chauffe, la batteuse peu prendre feu en saison. " Bien graisser les outils est ensuite crucial pour éviter la casse.
Préserver aussi les salariés
Sur les épandeurs, la table d'épandage est nettoyée, mais aussi les hérissons, les tabliers et les chaînes. L'entretien est l'occasion de faire un check-up complet et de changer les pièces qui le demandent.
Dans le nord Sarthe, l'ETA Bellessort, qui emploie trois salariés à temps plein, s'apprête à changer la table d'épandage, les déflecteurs et la hotte d'une machine. " Je suis passé de 1 à 3 salariés car je me rendais compte que l'on prenait trop de retard sur l'entretien, surtout lorsque la réglementation nous a contraint à décaler la période de débroussaillage ", indique Franck Bellessort. Comme il le souligne, l'entretien du matériel passe aussi par une bonne gestion des salariés. "Le soufflage, surtout dans le froid, c'est difficile. Le but est de préserver les bonhommes aussi", estime le gérant et agriculteur à Bérus. Pour réduire la pénibilité du travail, il ne fait travailler ses salariés que par demi-journées sur la maintenance ; ils sont ainsi à mi-temps sur la période hivernale mais annualisés en termes de salaire sur une base de 169 h/mois, sans compter les heures supplémentaires, "un système qu'ils apprécient".
Cohésion chauffeurs-mécaniciens
Pour l'ETA Martin, la communication entre chauffeurs et mécaniciens est cruciale pour ne rien oublier à l'entretien. Les chauffeurs ont ainsi l'habitude, lorsqu'ils travaillent en saison, à consigner leurs observations sous forme de check-list, qui sont transmises aux mécanos lors du suivi des machines. Ce mois de janvier, par exemple, un des chauffeurs a centralisé toutes les listes des chauffeurs des six tonnes à lisiers de l'entreprise, pour ne rien oublier.
Outre le matériel de récolte, les pulvérisateurs demandent un ajout de produit antigel avant hivernage. " S'il n'est pas correctement mis, le risque est que les tuyaux explosent sous l'effet du gel -il y a toujours un volume d'eau irrécupérable sur le pulvé-, il faut donc faire passer le produit partout dans la machine ", explique Pierre Pichet. Concernant les pneus, chacun sa routine, même si peu les retirent, surtout s'ils sont stockés à l'abri. La période est propice pour retirer la paire de roues ajoutée à l'arrière pour éviter le tassement, détendre et retourner les chenilles de la batteuse (c'est le cas de la SAS Martin qui est équipée de deux moissonneuses à chenilles), l'important étant de vérifier la pression en entrée et en sortie d'hiver. Sur le tracteur comme sur les batteuses, l'UD Cuma conseille de retirer la batterie et la stocker dans un endroit chauffé (le local phytos notamment) pour la préserver, ou d'actionner le coupe-batterie avant remisage.