Ressources
L'agrocampus sensibilise sur les enjeux de l'eau
L'Agrocampus la Germinière a organisé le 28 mars une journée technique sur le thème de l'eau. Les élèves de l'EPL ont été ainsi sensibilisés, à travers 9 ateliers animés par des professionnels, aux enjeux de cette ressource.
Le 28 mars, l'Agrocampus la Germinière organisait une journée pour sensibiliser ses élèves à la thématique de l'eau. L'EPL de Rouillon travaille particulièrement ce sujet depuis qu'il a contractualisé un contrat territorial eau (CTEau), bénéficiant ainsi d'un financement (85 000 € sur trois ans) de l'Agence de l'eau Loire-Bretagne (50%) et la région Pays de la Loire (30%). L'événement s'articulait en 9 ateliers -répartis dans la halle agroéquipement et sous les bâtiments de l'exploitation-, animés par des professionnels : Chambre d'agriculture, techniciens de rivière, Sage, Seenovia ou encore l'Apad Perche, sauf 2 conduits par des élèves de bac pro CGEA et agroéquipement.
Un outil prédictif pour piloter l'irrigation
Sur l'exploitation pédagogique, les ateliers sur parcelles ont été rapatriés sous le hangar de stockage. A l'abri de la pluie, Florian Delaunay, conseiller irrigation à la Chambre d'agriculture de la Sarthe depuis novembre dernier, présentait les différents outils de pilotage de l'irrigation. " Les sondes capacitives restent l'outil le plus précis pour suivre l'eau du sol, mais il existe aussi des modèles prédictifs, comme celui construit par la Chambre d'agriculture du Loiret ", explique le spécialiste qui accompagne deux groupe Express'eau sur le territoire (Sarthe Amont et bassin versant de l'Huisne). Le modèle loirétain, baptisé Netirrig, devrait être testé prochainement en Sarthe, et une offre de service montée (sous réserve d'essais concluants) pour les agriculteurs d'ici 2025.
La bonne porosité pour retenir l'eau
A côté, parmi les engins, Alexandre Hatet, conseiller en agriculture de conservation des sols, était très attentivement écouté par les élèves. Pour appuyer son propos, le conseiller de la Chambre d'agriculture a détaillé de récents travaux scientifiques sur l'impact du travail et de la couverture du sol sur la porosité, la rétention de l'eau, la fertilité... Il a notamment distingué porosité biologique et porosité mécanique, la seconde étant celle créée au passage des outils de travail du sol, comme le labour : c'est une macroporosité qui laisse passer très vite l'eau, entraînant avec elle les particules fines, et qui reste fragile. " Cet automne, par exemple, certains ont choisi de labourer en conditions très humides. L'inconvénient est que si l'on est sur de l'argile ou au-dessus de la roche mère, l'humidité reste et les blés ont aujourd'hui les pieds dans l'eau". La porosité biologique est, elle, créée par les vers de terres, nématodes et autres filaments de mycélium, et va favoriser le complexe argilo-humique, créant une microporosité efficace pour retenir l'eau. " Cette porosité est impossible à détruire sauf en cas de re-travail du sol ou d'engorgement total du sol, auquel rien ne résiste. " L'eau ainsi piégée sera rendue disponible aux plantes lentement, à mesure que le sol s'assèche. " Il est montré que le non travail du sol et sa couverture entraîne un surplus de rétention d'eau de l'ordre de 15%, limitant le volume d'eau de drainage et le transfert d'éléments polluants. "
Plus de ruissellement sur sol nu
Sous la halle agroéquipement, Thibaud François, chargé de mission pour l'Apad Perche, était lui aussi abrité, mais faisait tomber la pluie. Dans la droite ligne des enseignements d'Alexandre Hatet, l'expérience proposée aux élèves, très visuelle, mettait en scène trois extraits de sol (praire permanente, sol conduit en ACS et sol labouré) sur lesquels une pluie était simulée. Chaque bac était percé par le dessous. L'idée était de visualiser l'eau sortant par infiltration et celle s'écoulant par ruissellement. Le résultat était sans appel: sur sol travaillé, la part d'eau ruisselant est la plus importante, tandis que l'eau s'infiltre davantage dans le sol conduit en ACS et pas du tout travaillé (prairie).
Des questions que se reposeront sans doutes les élèves au gré de leur parcours professionnel, et particulier s'ils s'installent en agriculture.