Pommes
La protection des cultures, un enjeu essentiel pour la filière
Le 20 juin se déroulait la traditionnelle journée technique pommes de la station expérimentale de la Morinière (37).
Le 20 juin se déroulait la traditionnelle journée technique pommes de la station expérimentale de la Morinière (37).
" La pomme n'est plus le premier fruit consommé en France, elle a été devancée par la banane " précise Matthieu Serrurier, chargé d'étude au CTIFL. Il faut dire que la consommation de pommes en frais baisse lentement alors que la consommation des produits transformés à base de pommes s'accroit. Pour Vincent Guérin de l'Association nationale pommes poires (ANPP) ce phénomène n'est pas sans poser problème pour la filière car " les segments de marché les plus rémunérateurs comme l'exportation et la consommation des ménages sont en baisse alors que la restauration hors domicile et l'industrie progressent, mais les produits y sont moins bien valorisés ". C'est l'équilibre financier des exploitations qui est en jeu surtout que les rendements marquent une baisse depuis plusieurs années en raison des aléas climatiques, des choix variétaux et de la pression croissante des ravageurs et maladies.
Produire avec moins d'intrant
La protection des cultures est un enjeu essentiel pour la filière surtout quand on voit l'évolution des substances actives à l'échelle européenne et française. Selon Alessandro Dalpiaz, ancien directeur d'une coopérative fruitière Italienne, " au 1er février 2024, 136 substances actives sont disponibles à l'échelle de l'UE dont 81 doivent expirer à courte échéance du fait de l'absence de renouvellement ". Pour assurer la souveraineté alimentaire, " la révision des produits à l'échelle européenne devrait prendre en compte plusieurs facteurs dont l'efficacité et l'impact environnemental des solutions alternatives, les conséquences économiques " revendique Alessandro Dalpiaz. Les substances actives sont approuvées au niveau UE mais les produits commerciaux le sont à l'échelle de la France, et là encore il y a des distorsions entre pays. Franziska Zavagli du CTIFL a étudié les homologations de produits dans les pays producteurs de pommes en Europe pour appuyer des demandes de dérogation. " Selon les actions, entre 1/3 et 2/3 des produits ne sont pas homologués en France " mais attention il s'agit de substances actives qui sont pour la plupart sur la sellette avec une procédure de retrait en cours.
François Roch, présidente de la FNPF le constate au quotidien dans ses échanges avec les élus, " nous sommes devant un mur avec des impasses phytosanitaires à venir, les politiques l'entendent mais ne mettent pas en œuvre les solutions efficaces, alors que dans les instances ils prônent la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations ". Dans les semaines à venir, c'est l'avenir du Captane qui est en jeu, un produit central pour la protection des vergers et les décisions politiques prises décideront de l'avenir de la filière.