AS Cefiga
IA comme Intelligence Agricole ?
L'assemblée générale de As Cefiga a rassemblé plus de 400 personnes au Palais des congrès. Parmi les temps forts, une conférence prospective sur l'IA (intelligence artificielle), une vague qui doit profiter à l'agriculture.



Le 23 janvier, As Cefiga a tenu sa 49e assemblée générale. A l'heure des comptes, 2024 a été marquée par les effets persistants de la forte inflation de 2022 et 2023, de quoi encore impacter la masse salariale, notamment. "Au cours de l'exercice, on est malgré tout arrivé dans une phase de stabilisation de l'inflation et, pour juillet 2024, le conseil d'administration a pris une décision de modération tarifaire qui correspondait à cette nouvelle phase", a souligné le directeur Jean-François Beaujean, lequel, au regard de la démographie agricole, s'est félicité de la bonne tenue de l'activité.
Cap Orne dépassé avec 300 adhérents
Mention spéciale à l'Orne qui, dix ans après le début des activités de As Cefiga dans le département, a passé le cap des 300 exploitations suivies. "Ce développement concerne tout le territoire ornais", a précisé le président Dominique Defay. 2024 a été marquée également par la digitalisation de la facturation. Le mouvement a été idéalement enclenché (déploiement du bureau numérique "Esp'AS Connect") avec 60 % des adhérents qui, en l'espace de deux mois, ont déjà accédé à la future plateforme de facturation. As Cefiga continuera à voguer cette année avec sérénité dans la dématérialisation, effective en septembre 2026. "Nous serons capables de vous restituer des données de vos exploitations en instantané sans attendre le bilan de fin d'année, a souligné Antoine Cusson, le nouveau directeur-adjoint de l'AGC. La digitalisation est un outil mais ne remplacera pas la relation de proximité avec nos adhérents." Une transition que Julien Lepeltier et Thibaut Loiseau, agriculteurs et membres du CA, sont pressés d'enjamber : "On va gagner en réactivité et ainsi se dégager plus de temps pour mieux piloter nos exploitations."
Inquiétude, fascination puis... adoubement ?
L'agriculture est en effet un domaine riche en données. Plus celles-ci sont nombreuses et plus le potentiel de l'IA s'agrandit pour calculer les coûts de production, améliorer les rations, ou encore repérer des adventices. C'était l'objet de la conférence éclairante de Laurent Tripied, Pdg de Bziiit, une société basée en Aquitaine, spécialisée dans l'intégration de l'IA pour transformer les secteurs agricoles et industriels. "On sait déjà qu'un drone peut faire une estimation des indemnités après un passage de sangliers dans une parcelle. Cela évitera d'attendre deux semaines l'arrivée d'un expert..." L'ingénieur s'est attelé aussi à un travail de démythification alors que, les outils d'intelligence artificielle se multipliant, des craintes sont bien réelles sur un détournement de leur usage. Ainsi Laurent Brouard, agriculteur à Dollon, s'interrogeait : "L'IA n'est-elle pas un moyen pour l'Etat de tout vérifier, tout contrôler ? ". Réponse de Laurent Tripied : "Il est certain qu'il y a une volonté de surveillance mais, surtout une volonté de faire mieux en générant des idées radicalement différentes. Je vous promets que c'est un autre monde de créativité."
Des conseillers Cefiga "amplifiés"
En outre, contrairement à d'autres métiers, comme ceux d'avocat ou de chirurgien, ce moment de bascule dans l'histoire des technologies pourrait largement profiter à l'agriculteur et à toutes les strates économiques qui gravitent autour de lui. "Par exemple, l'IA va donner davantage de sens à la rencontre entre un exploitant et son conseiller Cefiga. Rien que sur la facture électronique, dès que celle-ci entre dans un portail, c'est énorme ce que l'IA peut faire derrière." Mais sans bonnes datas, pas de bonne IA. Et Laurent Tripied de rappeler qu'en janvier 2023 un ChatGPT, mal informé et taquiné par un professeur de maths, avait répondu qu'un oeuf de... génisse était évidemment plus lourd qu'un oeuf de poule. "L'IA générative est capable de vous écrire cent pages pour justifier que l'oeuf de vache existe. C'est pour cela qu'elle a besoin de votre intelligence, donc il va falloir apprendre à parler à une machine. Car celle-ci répondra en fonction de tout ce que les gens ont répondu."
Rien ne remplacera une ferme poignée de main ou une négociation en face-à-face. Mais un conseiller "amplifié" vous rendra sans doute des services insoupçonnés. "En 2030, il n'y aura pas deux personnes au rendez-vous. Mais trois avec l'IA laquelle se matérialisera par une boîte ou un collier qui entendra tout de vous, s'il est allumé... On demandera à ce nouveau compagnon ce qu'il faut améliorer sur l'exploitation de Monsieur Martin." Bienvenue à l'IA Cefiga...