4 jours du Mans
Entre avancées concrètes et attentes profondes
La foire du Mans est traditionnellement l'occasion pour les élus de prendre la température du monde agricole. L'édition 2024 n'a pas dérogé à la règle avec, après la parade des bovins, celle des élus et responsables politiques, auxquels les agriculteurs n'ont pas manqué de faire passer quelques messages d'impatience.
La foire du Mans est traditionnellement l'occasion pour les élus de prendre la température du monde agricole. L'édition 2024 n'a pas dérogé à la règle avec, après la parade des bovins, celle des élus et responsables politiques, auxquels les agriculteurs n'ont pas manqué de faire passer quelques messages d'impatience.
Malgré une édition 2024 largement marquée par le contexte sanitaire, ayant entre autre empêché la tenue du national bleu du Maine, ainsi que l'organisation des concours limousin et blonde d'Aquitaine -même si les deux races ont quand même pu faire une présentation d'animaux-, sans compter l'absence de nombreux autres éleveurs dont les animaux ont été testés positifs à la FCO et/ou à la MHE, l'ambiance se voulait plutôt positive autour des rings, même si l'on pouvait percevoir une forme d'impatience et d'envie que les choses avancent pour l'agriculture, après deux mois de statut quo où le Gouvernement démissionnaire se contente de « gérer les affaires courantes ». C'est du moins ce qu'ont exprimé les responsables de la FDSEA et des jeunes agriculteurs lors de la visite des élus sur le grand ring des Quatre jours. « Cet hiver quand on était sur l'autoroute, il y a un ancien qui m'a dit : "2024 c'est une année à 13 lunes et en général c'est le bordel !" cite Patrice Riauté, le président de la section laitière de la FDSEA. Et bien il fallait l'écouter parce que cette année 2024 est vraiment compliquée, sur le plan météo bien sûr, mais il y a aussi le mouvement du monde agricole à qui on est loin d'avoir apporté toutes les réponses. » Si pour la météo, les élus sont probablement assez démunis, pour ce qui concerne le mouvement agricole, ils sont attendus au tournant : « On a travaillé pendant des mois pour créer des choses. On a cette loi d'orientation agricole. Elle n'est pas parfaite évidemment, mais elle a le mérite d'exister. Or tout a été mis à mal, poursuit Patrice Riauté. Moi j'attends des nouveaux députés un engagement et qu'ils remettent cette loi agricole au programme, et très très vite, parce que le monde agricole est dans une attente très profonde, et on n'attendra pas très longtemps pour ressortir s'il le faut. J'espère qu'on n'en arrivera pas là. » prévient-il. « L'agriculture est prête pour nourrir la France. Maintenant, à vous élus de faire le job pour que ça continue des années. » exhorte de son côté le président des JA, Cyril Lemaître.
Un préfet comptable des avancées concrètes
Si aucun des parlementaires présents (NDLR, Julie Delpech et Eric Martineau, députés de la Majorité présidentielle, et Louis-Jean de Nicolaÿ, sénateur LR) n'a souhaité s'exprimer officiellement sur les destinées des dossiers en suspens, pas plus que le maire du Mans et ancien ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, c'est le préfet Emmanuel Aubry qui a pris le micro pour rappeler dans le détail les avancées obtenues suite au mouvement de la profession : « Tout n'a pas été envoyé à mal, comme je l'ai entendu. Il reste beaucoup à faire, mais des choses ont avancé. Par exemple le retour de la défiscalisation du GNR en pied de facture, le texte sur les travaux de retenues d'eau en zones humides avec la limitation des contentieux et la limitation des retards post-travaux, un certain nombre d'assouplissements autour des mesures de la Pac, avec par exemple la sortie des Pays de la Loire de la mesure BCAE 1 qui concerne le retour aux prairies permanentes. Les mesures très techniques BCAE6, BCAE7 et BCAE8 autour respectivement des couverts, de la rotation des cultures, de la force majeure sont des avancées qui sont dues aux actions de la profession agricole et qui ont été prise en compte dès à présent. » a-t-il énuméré. Quant à la loi d'orientation agricole, Emmanuel Aubry « n'imagine pas que tout le travail parlementaire qui a été réalisé soit passé par pertes et profits ». Enfin, le représentant de l'Etat a également confirmé avoir « bien entendu la demande des agriculteurs sur les exonérations de taxe sur le foncier non bâti liée aux difficultés climatiques ressenties cette année ». Si des avancées concrètes ont effectivement été obtenues par la profession, il reste encore au futur gouvernement du pain sur la planche pour répondre à tout ce qui a été soulevé par le mouvement agricole de début 2024.