Grandes cultures
Du colza récolté avant la pluie
La moisson 2024 se poursuit tant bien que mal entre les averses, comme à Mansigné, où Nicolas Thireau a récolté 8 ha de colza lundi 8 juillet. Sur le secteur, l'excès d'eau, le manque de soleil et les maladies font plafonner le rendement à 22 q/ha.




Cette campagne, qui n'en fini pas d'être perturbée par les caprices de la météo, se poursuit tant bien que mal par la récolte du colza. Après une fenêtre ouverte en fin de semaine dernière, puis le week-end, le temps tournait de nouveau à la pluie ce lundi 8 juillet, avec des averses un peu partout en Sarthe le matin. Sur le secteur de Mansigné, le soleil a toutefois très vite pris le relai et, grâce au vent qui s'est levé, la végétation a pu sécher, permettant à Nicolas Thireau, associé de l'EARL de la Françoisière, de réaliser son chantier de récolte de colza prévu au planning de la Cuma de Mayet. L'échantillon de grain analysé au silo d'Agri négoce tout proche, qui indiquait une humidité de 10%, a donné le feu vert au chantier.
8 ha de LG Aviron, 1 ha retourné
Nicolas Thireau conduit, avec son associé François Boussard, un cheptel de 65 vaches laitières (500 000 l livrés à Sodiaal) et 116 ha de SAU dont 70 ha de maïs et céréales. Après avoir semé comme ils pouvaient leurs cultures d'hiver -jusqu'à début décembre pour le blé-, les associés ont rentré leurs orges (une dizaine d'hectares) pour un rendement dans la moyenne haute de 58,5 q/ha et entre 63 et 65 de PS.
Cette année, le colza de l'EARL a été implanté au 28 août, derrière un blé, après un labour et l'épandage de fumier de bovins. La variété précoce LG Aviron est choisie " pour que le colza mûrisse dans des terres légères. " " Il a été beau au départ, mais dès que l'eau est arrivée mi-octobre il a dépéri, asphyxié ", a constaté Nicolas Thireau.
Excès d'eau et mauvaise floraison
Dans la parcelle de 5 ha, juste en face du siège de l'exploitation, le sol est limono-sableux, avec " de l'argile jaune en dessous " : plutôt mouillante donc, tout comme les 3 ha restants situés sur les hauts de Mansigné (les terres irriguées, soit environ 80 ha, sont réservées au maïs.) " Nous avions semé 9 ha en tout mais 1 ha avait pourri et a dû être ressemé ", précise l'agriculteur. Le colza encore sur pied paraît correct, bien " grillé ", quoique moins touffu que d'habitude, la faute à une moins bonne fécondation cette année. Sur l'EARL, des ronds hydromorphes localisés, surtout sur l'autre parcelle, pénaliseront encore le rendement. " Les résultat sont impactés cette année par plusieurs facteurs : l'excès d'eau, qui a pénalisé les racines mais aussi la floraison ; la moindre luminosité a limité la présence de pollinisateurs, affectant la fécondation, aboutissant à peu de siliques. Enfin, les maladies très présentes, notamment certaines inhabituelles comme l'alternariose et la cylindrosporiose, ont fait avorter des grains ", analyse Laurent Boudvin, agriculteur en cultures et élevage allaitant à Mansigné et dirigeant de la société AgroForce3, basée à Requeil, qui fournit l'EARL notamment en semences et biostimulants. Il observe sur ce secteur du sud Sarthe, notamment chez ses clients, un rendement en colza compris entre 16 et 22 q/ha.
Un rendement qui plafonne à 22 q/ha
Dans la cabine de la Claas Lexion Vario de 7,70 m, Alexis Mercier, chauffeur de la Cuma de Mayet qui tourne pour la moisson sur le secteur de Mansigné-Pontvallain, est un peu rassuré. " Le colza entre bien dans la machine, il est suffisamment sec. " Sur la console, l'humidité affichée est de 8,5%, la graine respectera donc la norme de livraison, qui est de 9%. La Cuma de Mayet dispose de 3 moissonneuses et, après l'orge, les trois quart du colza sont déjà faits chez ses adhérents. Les mauvais rendements, plafonnant à 22 q/ha, sont confirmés, contre une année 2023 à 30-35 q. " Là il ne faut pas se plaindre, j'ai vu des parcelles où le colza était pourri ", commente-t-il. Nicolas Thireau, qui fait appel à la Cuma pour toutes ses récoltes et ses semis de colza, se prépare aussi à ce résultat en demi-teinte, après une année 2023 à 33 q/ha.
Après une semaine d'activité presque à l'arrêt, la moisson devrait se poursuivre, notamment en blé mais " pas avant la mi-juillet " sur le sud Sarthe. Quelques premières parcelles récoltées sur sols plutôt filtrants dans le secteur annoncent des rendements moins mauvais qu'en orge et colza, un résultat à confirmer dans les semaines à venir.