AFDI72
La même terre mais deux mondes différents
Pour son assemblée générale le 4 mai 2023, l’association AFDI72* avait organisé un échange entre deux jeunes agriculteurs, l’un burkinabè, l’autre sarthois. Les deux ont beau cultiver la même terre, ils vivent dans deux mondes totalement différents.
Pour son assemblée générale le 4 mai 2023, l’association AFDI72* avait organisé un échange entre deux jeunes agriculteurs, l’un burkinabè, l’autre sarthois. Les deux ont beau cultiver la même terre, ils vivent dans deux mondes totalement différents.
Les bénévoles de l’Afdi72 mènent depuis plus de 40 ans des missions pour accompagner le développement agricole, au Burkina Fasso, et plus récemment en Tunisie, et en République Démocratique du Congo (RDC). « Je veux remercier chaleureusement nos membres fondateurs et nos partenaires qui soutiennent notre action, sans oublier bien sûr l’engagement des bénévoles » soulignait d’emblée le président d’Afdi72, Jean-Loïc Landrein. Ces bénévoles sont amenés a faire des missions d’observation et de conseil auprès d’organisations partenaires de ces 3 pays, comme en Tunisie où l’Afdi72 a pris à bras le corps la question de l’irrigation dans un secteur où il n’a plu que 50 mm par an ces trois dernières années. Ou encore en RDC, dans la province du Sud-Kivu, où l’association accompagne par le développement agricole des femmes victimes de guerre, et où 4800 euros de dons ont été récoltés l’année dernière rien que sur la Sarthe, permettant de financer l’achat de 91 chèvres ! Une goutte d’eau vu de France, une bénédiction pour ces femmes dont la grande majorité se trouvent dans le dénuement le plus total.
« Nous sommes toujours à la recherche d’entreprises mécènes » rappelait Jean-Loïc Landrein, qui a profité de son AG pour lancer « un appel à tous ceux qui ont des contacts dans les entreprises ». Mais l’Afdi compte également sur ses propres ressources, puisqu’elle a déployé l’année dernière un nouveau concept de « service café », pour des occasions comme des assemblées générales, ce qui lui permet de collecter un peu d’argent, en plus des traditionnelles ventes de produits.
Dialogue entre un jeune français et un jeune Burkinabè
Car les besoins d’accompagnement sont grands. Chacun a pu le mesurer lors du petit échange organisé entre Ben Kalid Ky, un jeune agriculteur Burkinabè en visite depuis un mois dans les Pays de la Loire, et Brice Dessartre, jeune installé en production laitière bio à Saint-Paul le Gaultier. C’est bien simple, outre les conditions climatiques -le burkinabè dispose de 850 mm de pluies en à peu près 4 mois- et le peu de mécanisation dont il dispose, les deux systèmes d’installation des jeunes agriculteurs n’ont strictement rien à voir. Sur la formation d’abord, « j’ai été surpris de voir qu’en France, la formation c’est gratuit ! » notait Ben Kalid, visiblement très intéressé pour importer le concept des lycées et autres centres de formation agricoles, dans un pays où « ça n’existe pas ou alors où il faut débourser des sommes colossales ». Alors que 80 % de la population vit de manière plus ou moins directe de l’agriculture, le manque de formation est criant, d’autant plus avec le changement climatique qui nécessite des adaptations de méthodes culturales. « Avec notre organisation paysanne, on se forme de proche en proche, on utilise également les réseaux sociaux ».
Et inutile de compter sur l’aide d’un État aux abonnés absents. Essentiellement tournés vers une agriculture d’abord vivrière, le peu de protection sociale, si on peut l’appeler ainsi, est apporté par les organisations coopératives que les agriculteurs ont mises en place. Pas ou peu de financement bancaire non plus : avec 10 à 12 % de taux d’intérêt, les prêts sont très chers à contracter et se destinent plutôt à des agriculteurs déjà bien ancrés dans le métier « pour du développement ».
En revanche, s’il est un domaine où le jeune Burkinabè a sans doute un avantage indéniable sur son homologue français, c’est sur l’accès au foncier. « La terre tu l’as gratuitement. Tu demandes et on te donne pour cultiver ». Pas franchement le cas en France…
En tout état de cause, la parole de sagesse revient à Ben Kalid Ky, qui après son séjour dans notre région, soulignait que « les jeunes agriculteurs français ont tout pour faire bouger les choses et pour réussir ! »
A.FRUCHET
* Agriculteurs français et développement international
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