Salon de l'agriculture
La classe, Noisette !
Seul représentant de la Saosnoise au Salon de l’Agriculture, Sylvain Allaine nous parle de Noisette, son plus beau fleuron cette année.
Seul représentant de la Saosnoise au Salon de l’Agriculture, Sylvain Allaine nous parle de Noisette, son plus beau fleuron cette année.
Pour la photo, Sylvain Allaine prend la pose avec béret et bâton. En fin de semaine, Noisette, née en 2017, prendra pour la première fois la route du SIA, sur les traces de Marguerite qui avait fait bonne impression sur la présentation de races en 2019 et 2020. “Elle est trop près du terme, je n’ai pas pu l’emmener cette année. Noisette est plus viandée, souligne l’éleveur de Rouessé-Vassé. Dans les concours, elle se distingue facilement par son gabarit, environ une tonne et plus de 600 kilos de carcasse.” Lors de son dernier passage à la Foire du Mans, cette mère de deux jumeaux avait terminé première du concours Saosnoise. “Elle ne stresse pas, contrairement à Marguerite qui “chauffait” au Salon de l’agriculture. Il fallait la sortir tous les jours!” Noisette embarquera dans un convoi commun avec d’autres vaches de race rare comme la Nantaise ou l’Armoricaine.
La Saosnoise n’est pas uniforme et réunit plusieurs types : Percheron (membres colorés, picotures de rouge et de noir dans le blanc), Mancelle (avec ou sans lunettes, à robe couverte), Durham et Caille-blonde comme Noisette. Ses pattes et sabots sont blancs avec des cornes légèrement montantes. De quoi attirer encore l’oeil des spécialistes ou… profanes. “J’ai vendu deux reproductrices au dernier salon. Mais la Saosnoise est encore méconnue. Dans l’Orne, certaines personnes du milieu de la viande ne la connaissent pas. ” Un comble sachant que son berceau se situe à cheval entre les deux Nord de la Sarthe et de la Mayenne. De 500 à la fin des années 90, l’effectif compte désormais environ 1600 femelles dans 113 élevages (dont une quarantaine dans la Sarthe) et bénéficie toujours du statut de race menacée avec une aide MAEC de 200 euros par tête. En effet, si une "Société des éleveurs de la race bovine du Saosnois" avait vu le jour en 1939, c’est la Normande qui fut encouragée dans la région après-guerre au nom de la politique de limitation du nombre de races. “Le code race institué en 2000 a permis de la sauver. Et on a eu la chance d’avoir Dominique Heuzé comme président de la race pendant dix-sept ans.”
”Elle s’assoit même dans les champs, de quoi faire une carte postale! ”
La Saosnoise est aujourd’hui considérée comme une viande gustative haut de gamme avec un beau persillé et l’un des plus beaux étendards des races locales à petit effectif de l’Ouest. Des qualités très cotées qui suscitent des vocations et assurent la relève, à l’instar de Lucas Paris, jeune installé à Saint-Martin-des-Monts avec une quarantaine de bêtes. “Il m’a acheté deux reproducteurs l’an passé. Il est motivé.”
Eleveur d’un cheptel de quinze mères, Sylvain Allaine voue lui aussi une véritable passion pour la Saosnoise, son statut de jeune retraité (il était double actif car son métier principal était conducteur de pelleteuses dans les travaux publics) lui permettant d’y consacrer davantage de temps, et sans contraintes excessives. Ses Saosnoises ne se nourrissent que d’herbe et il ne s’est pas embarrassé de diététique pour la préparation de la bête en vue du Salon. Idem pour la marche. “Elle est habituée à vadrouiller depuis longtemps et elle s’assoit même dans les champs, de quoi faire une carte postale!” La coolitude incarnée.